Ecrit et réalisé par Serge Gainsbourg d'après le titre de sa chanson avec Jane Birkin, voilà un étrange film, romance déglinguée dans un cadre très redneck de France profonde (y'a même un côté western), peuplé de personnages de losers et de paumés. Gainsbourg orchestre la rencontre de deux d'entre eux : une jeune barmaid (Jane Birkin) et le chauffeur d'un camion décharge (Joe Dallesandro, muse d'Andy Warhol). Bon c'est quand même l'histoire d'un gay qui va craquer pour une meuf garçon manqué (il la prend même pour un homme au début : "hé mec...Ho pardon") mais comme il arrive pas à bander pour les nanas, ils vont s'épanouir grâce à la sodomie, ce qui amène d'ailleurs quelques scènes assez surréalistes avec deux acteurs qui s'abandonnent complètement (la Birkin à poil sous tous les angles)...et vu comment il filme avec insistance le corps de Joe Dallesandro, je me demande s'il était pas un peu homo le Gainsbarre. Bref c'est complètement tordu et dégénéré (par exemple le concours tout pourri de striptease ou le patron dégueulasse qui arrête pas de péter) mais aussi plein d'humour (on y croise d'ailleurs Michel Blanc et Gérard Depardieu) et de poésie (notamment les moments romantiques sur des très belles versions instrumentales de la chanson-titre), mais c'est surtout étonnement maîtrisé pour un premier film (Gainsbourg en réalisera quelques autres), la réalisation est truffée d'idées et de plans un peu fous mais aussi de plans plus contemplatifs, avec l'appui de techniciens expérimentés (le chef op notamment). Malgré sa douce folie, le récit se tient et ne s'éternise pas (le film est court, 1h25). Y'a même un côté Jean-Jacques Benneix avant l'heure.